4eme Etage

Après avoir monté les marches jusqu'au 4e étage, quatre à quatre, Otmar arrive devant une unique porte en bois, non gardée. Il l'ouvre et pénétre dans un corridor.
Le petit corridor est vide, il fait environ 6 mètres de longueur. 4 portes positionnées symétriquement le long de cet axe semble donner sur des bureaux (des panneaux semblent indiquer le nom de chaque occupant). Le corridor n'est pas fermé à l'autre extrémitée, il donne directement sur une immense salle, juste sous les toits, où sont entreposés tous les livres qui ne sont interdits au prêt ou à la consultation libre sur place. D'immenses étagères leurs servent de présentoirs.

Dans les bureaux, on entend quelques griffonnements de papier, et des bruits de pas alertent Otmar de la présence d'une personne marchant entre les étagères de la réserve.

Le bruit surprend quelque peu Otmar...

* Merde pris sur le vif *

Entendant que l'on bosse dans les petits bureaux, il avance à pas feutrés vers le grand corridor, ouvre la porte sans la faire grincer, et la referme derrière lui. Il se colle droit comme un I sur le mur porteur de l'entrée de la pièce.

Il fouille ses affaires de taxidermiste pour prendre une pièce à épiler. Kessel pose son sac à terre, sert l'ustensile dans son poing droit et écoute la personne s'approcher.

* Si elle passe le seuil, faudra la saigner à la gorge. *

Une goutte de sueur perle sur le front du taxidermiste.

La sentinelle reste dans la réserve, et ne rentre pas dans le corridor. Les pas s'éloignent peu à peu...

Otmar, accolé à son mur, subit les coups de son coeur battant. Il n'a pas le temps de souffler que la poignée ronde d'une des portes des bureaux (au fond du corridor), tourne sur elle-même: son occupant en sortira dans une demi-seconde.

Kessel n'a pas le temps de réagir promptement, il fait un pas en avant pour sauter sur l'occupant du bureau, sa pince à épiler à la main, mais se stope en pleine action. L'homme qui vient de sortir le regarde avec de grands yeux étonnés: Julgig. Sa moustache se soulève:

"Herr Kessel ?"

Kessel s'arrête dans son geste... à deux doigts de planter sa lamelle dans le cou de son interlocuteur.

"Julgig ?! Qu'est-ce que vous foutez là ?" dit-il dans un ton énervé, mais à voix basse.

La tension tombe alors peu à peu, mais Otmar reste très vigilant.

"Je vous ai dit que je travaillait ici. Baissez cette arme."

Kessel s'execute. Julgig l'agrippe par la veste, et le tire à l'intérieur du bureau (un bureau, et des milliers de paperasse). À voix basse:

"Vous m'avez foutu la frousse. Et vous alors ? Que faites vous à cet étage: il est interdit aux visiteurs ?"

"C'est toujours la Lance du Destin qui m'a conduit ici... j'ignorais que vous travaillez à cet étage."

C'est l'instinct de Kessel qui l'a conduit à cet endroit :

"L'interdit recèle toujours davantage de renseignements utiles à notre cause, non ? Il est certes interdit aux visiteurs, mais je ne suis pas en visite, je suis en mission..."

"Moui. Non, c'est un bureau annexe. J'y range quelques archives..."

Julgig plia un papier qu'il tenait dans les mains et le rangea dans sa poche. De l'autre main, il se lissa en même temps la moustache.

"Il me semble pourtant vous avoir dit que la Lance qui était entreposée ici avait disparu..."

"Pouvez-vous me montrer là où elle était stockée ? Il me faut une idée de la taille de cette relique..."

Malgré les croquis, le taxidermiste avait encore énormément à visualer ce qu'il devait chercher.

* Si l'objet était imposant, il est peut-être encore ici, nigaud *

"Oui parfaitement..."

Julgig sort un trousseau d'un tiroir et ressort du bureau. Le suivant, Kessel s'engage à pas rapides dans la reserve. Les premiers rayons sont remplis de livres non répertoriés, ou inaccessible à la consultation car trop vieux. Les rayons suivant sont remplis de petits casiers numérotés. Entre temps, Otmar a le temps de s'apercevoir que la sentinelle est un soldat du Reich. Il regarde les deux collègues, mais reconnaissant Julgig, ne dit rien.

Au fond de la réserve, Julgig ouvre une porte à l'aide d'une clef. La pièce juste derrière est très étroite. Il y a là une autre série de casiers numérotés qui, eux, sont fermés par un verrou. Julgig en ouvre un, avec une autre clef. Il est vide.

"C'était celui-çi, il me semble."

* La Lance a donc disparu de ses casiers *

Otmar se fait une idée plus précise de l'objet.

"Au 19ème siècle... Saviez-vous si ce sont les mêmes casiers qu'à l'époque ? Si oui, j'irai donc plus loin. Dans cette bibliothèque, qui a accès à ce genre de clés ?"

Kessel, à défaut d'autres indices, essaie de faire parler les objets...

"Oui, les casiers n'ont jamais changés."

Celui-là parraissait aussi être usé par le temps, sur sa couverture métalique. La taille du casier n'excédait pas les 30cm de largeur, 20 de hauteur et 30 de profondeur.

"Il n'y a que 2 personnes qui ont les clés permettant d'accéder à cette pièce et aux quasiers qui s'y trouve: le directeur de la Bibliothèque, et moi. Mais je ne suis en place que depuis 2 ans... Donc avant, ce devait être mon prédécesseur..."

* Les Français sont vraiment radins sur la maintenance du matériel... j'espère aussi qu'ils sont aussi bureaucratiques que le dit leur réputation. *

"Existe-t-il donc un registre du personnel ? J'imagine que vous n'avez pas été des milliers à ce poste, ni à celui de Directeur ..."

Le taxidermiste allait peut-être tenir une liste de suspects pour ce vol passé.

"Parfaitement, ils sont dans le bureau du Directeur. Je vous y emmène."

Julgig ressort avec Kessel de la petite pièce, après avoir pris soin de refermer le casier et la porte. Ils retraversent tout deux la reserve en faisant claquer leurs talons sur le parquet. Puis, repassant par le petit couloir, s'engagent dans l'escalier pour parvenir au 2ème étage.