Les Pentes de la Croix-Rousse

Ca faisait maintenant quelques minutes qu’une jeune femme au physique loin d’être désagréable et à la tournure vestimentaire assez coquette sans être cependant trop hors norme marchait tranquillement dans les rues de Lyon.

Un petit sourire allié à ses lèvres qui en étaient finement ourlées, elle jetait quelques œillades aguicheuses aux hommes, donnant l’impression vraie d’une jeune étudiante en mal de visite pour cette ville à l’histoire assez riche notamment en parce qu’elle, qu’elle avait appartenu aussi à l’empire romain et que quelques insurrection anti-royalistes lors de la Révolution : bref, autant dire qu’elle avait de quoi observer et s’émerveiller.

D'un air assez défait, préférant lever les yeux vers certaines bâtises d'aspects anciens, elle lissa un pent de sa jupe d'un geste nonchalant tout en poursuivant tranquillement son chemin.

Avide de ses regards emplis de savoir portés sur le monde, Hortense prit le temps de passer par ses endroits préférés pour rejoindre la Bibliothèque. Ainsi, dans les pentes se trouvait la Chapelle St Polycarpe. Elle se rappelait de ses cours: Polycarpe était un disciple de St Jean. Son ordre avait fondé une petite communauté ici-même à lyon, et avaient bâti une chapelle dont la façade, monumentale, rappelait les temples grecs. Une des colones engagées, était endomagée: cela était dû à un boulet de canon, lançé par l'armée de la Convention en 1793.

Alors qu'elle arrive au niveau de la façade, une petite groupe, mené par un curé, déboule d'une rue devant elle. Il y a là deux hommes, trois femmes et quelques enfants qui courent. L'homme d'Eglise pousse la lourde porte de son bâtiment et les fait pénétrer en vitesse. C'est à ce moment qu'il remarque la présence d'Hortense. Il la regarde quelques secondes - son regard passant de la surprise, à la méfiance puis à la confiance - et s'engouffre à son tour dans la Chapelle.

Hortense, qui s'était brusquement arrêtée pour ne pas être renversée entend alors au loin, à quelques rues de là, des cris en allemand et des bruits de bottes courant sur la chaussée...

La jeune femme lança un coup d’œil émerveillé sur la façade de St Polycarpe, se ressassant les quelques cours d’architecture religieuse qu’elle avait eu en première et deuxième année de fac, les pilastres cannelés aux chapiteaux corinthiens et engagés et le fronton – référence à l’antique – étant très loin de la laissée indifférente devant ce cours grandeur nature.

Alors qu’elle s’apprêtait à porter sa main en visière pour pouvoir observer ledit fronton sans devoir plisser ses yeux à cause de la lumière – malgré l’heure tardive, ayant les yeux un peu sensible elle devait avoir recourt à cette technique – un groupe hétéroclite de personne surgit d’une rue attenante, l’ai pressé. La jeune femme arrêta ses pas afin de ne pas heurter le prêtre auquel elle adressa un signe de respect tout en le suivant du regard avec une certaine interrogation, notamment à cause de l’attitude qu’il avait eu à son égard … c’était bien la première fois qu’elle produisait un sentiment de peur chez qui que ce soit …

Toujours interrogatrice et un rien ballante au milieu de sa rue à regarder le massif bâtiment religieux, admirant le lourd battant de la porte qu’elle put voir actionné, elle ne pu pas plus longtemps reposer sur ses lauriers … le cœur de Hortense manqua un battement en entendant une course folle quelques rues plus loin, mais surtout ce qui avait provoqué un léger émoi chez elle était le dialecte utilisé …

Un long moment de doute s’empara de la jeune femme qui comprit un peu mieux l’attitude du curé … ou pensa le comprendre en tout cas : peut-être croyait-il qu’elle était là pour les dénoncer ou autre … Elle s’approcha un peu du seuil de l’église tout en écoutant les bruits de pas … il devait lui rester un peu de temps encore mas … Sa main se leva comme pour toquer sur la porte de l’église mais elle se retint, partagée entre la décision d’entrer ou de continuer sa marche comme si de rien n’était … Après tout elle n’avait rien à se reprocher et donc se remettre en marche tout en continuant de jeter des oeillades par ci par là … ?

¤ Mouais … ¤

Pour aller à la Bibliothèque, il fallait descendre jusqu'à la place des Terreaux, où elle prendrait le bus. Mais le groupe de soldat allemand, lui, poursuivant les fuyards, montait.

Ils étaient six. Et Hortense les vit arriver de loin. Elle eu le temps aussi d'apprécier la manière dont le premier, qui semblait rudement mener les autres, la regarda. Il fit s'arrêter la troupe devant la jeune fille, l'empêchant de continuer sa route, et s'exprima très vite, en un très mauvais français. Pressé qu'il était. Comme tous les chasseurs.

"Le moine et les juifs ! Où sont-ils partis ?! Répondez !!"

La jeune femme finit par se décider : poursuivre son chemin comme si de rien n'était, reprenait son exquise admiration des diverses vieilleries passionnantes qu'elle avait sous les yeux.

Ses pas résonnèrent donc tranquillement dans la descente qui menait à la bibliothèque puisqu’elle prenait ce chemin là, mais bientôt le son qui s’échappait de sous ses talons peu élevés s’arrêtèrent bien vite, la carrure appréciable d’un allemand déboulant devant d’elle pour la stopper.

Le cœur de la jeune femme manqua un battement, mais extérieurement elle conserva un air parfaitement calme, le modifiant même en quelque chose d’un peu niais. Rougissant un peu sous le regard de l’homme, mais non de peur plutôt d’agacement qu’elle contint en lui adressant un large sourire qu’elle voulait le plus niais possible.

« Ah je … mais je … »

Portant ses doigts à ses lèvres dans un air de réflexion intense, son regard se fit vacillant vers un rue opposée à l’église mais aussi à celle ou elle devait aller, mais revint vers l’allemand en le regardant comme si elle venait de faire une erreur, souhaitant dans son fort intérieur qu’il s’imagine qu’en bonne cruche qu’elle semblait être, elle lui avait indiqué la rue comme étant le lieu de refuge des personnes qu’elle venait de voir.

« Je n’ai pas vu de prêtre ni même de juif monsieur. Les rues étaient déjà désertes avant que vous n’arriviez … »

Se mordant la lèvre, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, laissant son regard dans celui de l’homme face à elle. Les battements de son cœur s’étaient accélérer, cependant elle tentait de garder cette attitude neutre et un peu écervelée du mieux qu’elle lui pouvait, souriant toujours.

Le soldat avait une petite mitraillette en bandoulière; il la tenait de ses mains jusqu'à maintenant. La réponse d'Hortense ne lui convenant pas, il fit la grimace. Il pointa, menaçant, son index sous le nez de la jeune fille.

"Ne dites pas de conneries !! Ils n'ont pas pu aller autre part, et sont forcément passés sous vos yeux !!"

Un de ses compagnons armés vint lui tapoter l'épaule, et désigna d'un coup de menton l'église qui siègeait à quelques mètres au bout de la rue. Le meneur grommela en jetant un dernier coup d'oeil à Hortense.

"Vous avez interêt à rester ici..." qu'il dit en intimant à ses hommes d'aller frapper à la porte monumentale de l'édifice sacré. Puis il se tourna pour les rejoindre. Et un grincement attira l'attention de la franc-maçonne. Une porte d'immeuble venait de s'entrebailler à quelques pas d'elle, sans aucune raison apparente.

Le cœur de la jeune femme accéléra un peu plus encore en voyant la grimace esquissée par le prussien, cependant elle prit une inspiration qu’elle voulu la plus normale possible, s’apprêtant à répliquant quelque chose jusqu’à ce qu’un autre soldat vienne les « déranger » … bien qu’elle réprouva ces hommes, elle remercia intérieure la dernier d’une commune mesure, se faisant la réflexion que l’intervention qu’il avait eu venait de lui permettre de lui laisser une chance de réfléchir.

Elle se maudit intérieurement d’être aussi faible physiquement … pas qu’elle eut voulu prendre les armes et s’amuser à faire la folle de la gâchette en pleine rue mais disons qu’un aspect moins chétif lui aurait parut comme étant un inconvénient en moins.

¤ J’aurais du tanner mon frère pour qu’il m’apprenne à me servir de ces engins là ! ¤

Adressant un signe mou à l’homme qui lui demandait avec tant de civilité si il lui était possible de rester là avec le caractère typique de l’ordre, elle attendit qu’il s’éloigne enfin pour pousser un gros soupir d’exaspération … qui se mua un peu en inquiétude lorsqu’elle le vit se diriger vers l’église … voyons … elle secoua négativement sa tête, impossible de se remémorer comment l’église était disposée : transept ou non ? Cela aurait permit au groupe de personne de s’enfui par l’un de ses bras …

Là dans on remue-méninges, elle sursauta légèrement en entendant une porte grincer peu loin de là, pensant d’abord à la venu d’une nouvelle armada de blond en goguette … ayant tourné son regard vers le lieu - s’étant avant assurée qu’ils étaient trop occupé devant l’église – elle remarqua qu’une porte s’était entrebâillée, cause du bruit qu’elle avait remarqué … après plusieurs vérifications et surtout une nouvelle œillade vers les allemands, elle se dirigea à reculons assez doucement pour ne pas attirer l’attention vers la porte, passant la main contre l’entrebâillement en y arrivant, elle tenta de se faufiler pour l’interstice à la manière d’une petite souris, espérant n’avoir attirée aucune attention …

Quand à savoir qui ça pouvait bien être ou pas, ça ne pouvait que difficilement être pire que des allemands … peut-être se trompait-elle mais s’était soit entrer dans cette fichue maison, soit restée dans cette fichue rue et subir certainement un interrogatoire … la maison, restait la plus attrayantes des solutions.

Alors qu'elle pénétrait à reculons, elle fut tiré en arrière par son manteau.

"Pressez-vous." murmura une voix.

La porte se referma, le loquet se rabattant avec un bruit métalique. De la rue, on entendait encore les coups sourds sur la porte de bois massif. Hortense ne put que se retourner pour voir qui l'avait aidé à se sortir d'un interrogatoire embarrassant. Elle reconnu tout de suite le curé. Sa petite moustache grise se tenait qu'à une cinquantaine de centimètres du visage de la jeune étudiante, coincée entre le personnage et la porte close. Se rendant compte de sa proximité, le religieux fit un pas en arrière. Il souffla:

"Merci de n'avoir rien dit. Même si je crois que ça ne serve pas à grand chose. Ils savent très bien qui ils poursuivaient, mais ils ne trouveront rien dans l'église..." Il marque une légère pause. "Qu'est-ce qu'il y a ? Vous avez l'aire surprise !"

Le corps de la jeune femme fut parcouru d’un sursaut en même temps que son cœur s’accélérait sous la surprise de s’entendre ainsi pressée mais surtout sous celle d’être saisie et tirée vivement. Cependant elle n’opposa aucune réellement résistance, se faisant la réflexion instantanée que … c’était elle qui avait passer le chambranle de cette porte.

Se tournant, elle fut plus que surprise de tomber nez à nez – dans tout les sens du terme - avec le curé. Gênée par cette promiscuité peu habituelle avec un membre de l’Eglise, ses joues se tintèrent d’une couleur rosée alors qu’elle lançait avec un certain humour noir, souhaitant plutôt se rasséréner elle-même plutôt qu’autre chose.

« Pardonnez-moi mon père, car j’ai pêché … »

Effaçant cependant cette note de dédramatisation à son égard, elle redressa son visage avec d’adresser un sourire à l’homme pieux tout en faisant un signe de tête pour spécifier que ce n’était pas grand chose. Surprise que le curé lise en elle comme dans un livre ouvert, la jeune femme haussa avec douceur les épaules tout en esquissant une moue d’excuse.

« Et bien … Vous allez me trouver bien étrange de me poser une telle question dans un moment pareil mais … je me demandais comment vous étiez arrivez jusqu’ici … transept ou alors sacristie parce qu’à mon souvenir il n’y a pas de crypte dans cette église et … » Elle se sentit rougir devant ses explications qu’elle estimait d’une idiotie accablante, et comme pour se défendre de ses propres pensées elle poursuivie avec une voix un peu plus étouffée encore. « C’est que … je ne pensais pas que ce serait vous mon sauveur puisque je vous pensais dans l’église … »

Un peu gênée, elle aurait aimé changer de sujet pour ... par exemple demandé si ces gens étaient en securité ou plutôt une semi sécurité parce que dans l'état actuel des choses ils ne le seraient pas avant .... longtemps. Mais cette question qui lui brûlait les lèvres resta en suspend : peut-être que moins elle en savait, et mieux valait pour ces personnes ...

"Lyon a encore tous ses mystères", répondit l'homme d'Eglise avec un sourire. "Des mystères que l'on ne vous apprend pas en cours."

Il la toisa de haut en bas.

"Vous êtes une jeune étudiante, n'est-ce pas ?" Il l'invita à la suivre. Ils se trouvaient dans un couloir sombre, qui au bout de quelques mètres descendait en escalier raide.

"Ne vous inquiétez pas pour la porte par laquelle vous êtes entrée: elle ne s'ouvre que de l'intérieur. Et sa solidité est remarquable."

Le conduit était éclairé de petites torches flamboyantes. Hortense aurait pû se croire à la Cour des miracles au Moyen Age en plein Paris, mais sans les gitans, sans les rats, sans l'animation légendaire que l'on prêtait à ce lieu. Pourtant l'escalier débouchait dans une salle de taille moyenne; s'y trouvait le petit groupe de tout à l'heure, la peur encore au visage.

"Il va falloir nous suivre, continua le curé, et ressortir dans une zone plus sûre... Vous deviez aller où ?"

» Les pentes de la Croix Rousse